LES USINES MOREAU

Il fallait vraiment tendre l’oreille pour percevoir le son de cette machine à coudre fatiguée reposant dans les sous sols des usines Moreau, à Cussac, fermées depuis plus de 25 ans maintenant. Un micro en guise d’oreille relié à un enregistreur s’est substitué à l’organe auditif afin de capturer l’ambiance des lieux. Le collectif STiMBRE, ici, en la personne de Jo et Julien, a collecté des borborygmes de tuyaux, des sons de pluie s’échappant de plafonds éventrés et tombant dans des flaques aux reflets orangés, des grincements de machines dormantes ou agonisantes, bref une myriade de sons merveilleux pour créer la base d’une chanson électro poétique. 

Robin et ses acolytes de la MFR, accompagnés par Nicolas, ont, de leur côté, investigué pour explorer le lieu et rencontrer certains de ses anciens occupants et se faire, ainsi, l’écho de ces voix venus du temps ou l’industrie textile avait fait de ce petit village un lieu d’effervescence et de prospérité. Pour clôturer cette belle semaine de rencontre, Gaelle chantait une ligne de voix façon Morricone dans un western Limousin, posée sur une ambiance de samples de machines à coudre fantomatico-rythmique…

CAGES DE LUMIÈRE

Petites mains des parcelles lumineuses,

Suivant l’étoile du tracé des filages,

Ballet métronomique, révèlent les images

Dans le crible sériel d’aiguilles pointilleuses.

Petites mains aux cloisons de lumière

Quadrillent l’espace en de graphiques lignes,

Qui se croisent et se cherchent, s’étirent et se resserrent,

Sous l’oeil de l’automate qui décrypte les signes,

Et puis l’esprit des machines

Et des visages qui s’animent

Se déploient loin de l’usine,

Des rotations de bobines,

Pour rejoindre les souvenirs

Qui patientent derrière la porte,

Dans ce temps qui vient polir

L’émotion qui les escorte.

Petites mains aux cages de lumière,

Alvéoles surplombant les sous-sols,

Où les teintures recouvertes aujourd’hui d’herbes folles,

Coloraient le cachemire dans la salle des fougères.

Petites mains sous la lueur céleste,

Façonnées par la mémoire du geste,

Dans l’enceinte en haillon visitent le silence

Des espaces orphelins d’une ancienne abondance.

Et puis l’esprit des machines

Et des visages qui s’animent

Se déploient loin de l’usine,

Et de la salle des turbines

Pour rejoindre les souvenirs

Qui patientent derrière la porte,

Dans ce temps qui vient polir

L’émotion qui les escorte.

 

Jo Stimbre

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