LA GRUE WELLMAN
Dans cette parenthèse temporelle, où les échanges humains se sont multipliés au gré d’une itinérance menant les membres du groupe STiMBRE d’une maison d’anciens à un garage moderne, d’un bateau concert à une grue portuaire, les rencontres et les découvertes se sont succédées.
Portés par la fraîcheur de l’inédit, ils se sont élancés dans leur toute première résidence de création, épaulés par les jeunes du centre d’animation Bacalan et leurs éducateurs. L’espoir qu’ils avaient mis dans l’ hypothèse bouillonnante de cette première tentative ne fut en rien déçu, bien au contraire ! Le ventre de la grue Wellman leur procura son lot de sons inimitables lorsque Julien, muni d’un Archer, y fit résonner des cordes de guitares préalablement fixées sur une des parois de métal. Jo, inspiré par les lieux ainsi que par les témoignages d’anciens colportés jusqu’à lui par la jeunesse Bacalane, se fendit d’un texte mystérieux et profond au nom évocateur « au ras des containers » que Gaelle, quelques mètres sous l’eau, mit en mélodie dans les soutes du bateau concert l’Iboat, qui les accueillait en son sein.
AU RAS DES CONTAINERS
Au ras des containers (Part I)
Comme je pense à toi
Et comme je tremble,
Je suis fort et j’ai froid,
Je nous revois ensemble,
Juste avant le départ
J’ai béni ta lueur,
Emportant dans mon cœur
Ton étrange avatar.
Dans ton regard magique
Des danses bienveillantes,
Flottaient sur un tapis
De vent et d’amarante,
Au loin une mer orange
Professait des orages,
Je rejoignais la plage
Sous un vol de mésanges.
Ces gerbes d’eau qui tombent du ciel
S’abattent comme d’immenses feuilles d’oriels,
Décrochées d’une falaise de verre
Se jetant sur mon abri de fer.
Jo Stimbre
Au ras des containers (part 2)
Au ras des containers
Tremble une ombre chinoise,
Un glissement sous la toise
Des entrelacs de fer,
Un murmure de paroi
Secret comme un espoir,
Émoussé par le froid
Mais guidé par le phare,
Une rumeur d’oraison
Fondue dans l’arrimage,
Lestant la cargaison
D’un fantôme d’équipage.
Mais cette grue portuaire pourrait depuis sa cime,
La jeter, comme un crime aux faisceaux de lumière,
Scarifiant l’’infini pour prolonger le jour,
Projetant ses contours en fragments dans la nuit.
Aux ténèbres du port
De cette vision Tetris,
Prêt des cubes de pandore
Qui descendent ou se hissent,
File un vent de hangars
Dans les dédales du fret,
Où des volutes noires
Traversent la fenêtre
D’un ailleurs disparu
Et de sa forêt d’êtres,
Les grande traversées
N’oublient jamais leur dû.
Mais cette grue portuaire pourrait depuis sa cime,
La jeter, comme un crime aux faisceaux de lumière,
Scarifiant l’infini pour prolonger le jour,
Projetant ses contours en fragments dans la nuit.
Ravalant d’insomnies le cœur de la cité
Dans les contours bleu-gris de halos déchirés,
Ravalant d’insomnies la cité en son cœur
Réveillant les lueurs d’anciennes prophéties.
Jo Stimbre